Saint Valentin : la souhaiter ou pas ?
Oui. Si vous êtes trop timide.
« Huit hommes sur dix se disent pétrifiés à l’idée de faire leur demande en mariage, jugeant cela plus terrifiant que de nager avec des requins », rappelle Nicolas Garreau, directeur d’ApoteoSurprise, une société parisienne qui s’est justement spécialisée dans les scénarios romantiques. Alors pour tous ceux-là et aussi celles-là (une enquête OpinionWay montre en effet qu’au niveau déclaration la parité est de rigueur), la Saint Valentin peut s’avérer le prétexte salutaire pour faire le premier pas. Mais pas de panique. La même enquête montre que les hommes comme les femmes attendent d’abord une déclaration spontanée (56 %), simple (37 %) et romantique (33 %). Pas besoin d’une soirée grandiose (0 %) ou même sexy (1 %), comme le vantent certaines émissions de téléréalité.
Oui. Il faut réinventer la famille et le couple.
C’est le philosophe iconoclaste Edgar Morin qui le dit dans son dernier livre « La Voie ». Un très beau livre très concret sur les chemins à suivre pour réussir une métamorphose complète de notre société. Au premier plan le couple donc : « La réforme de vie nécessite une véritable éducation à l’amour capable de dominer la possessivité amoureuse, de résister à l’intoxication amoureuse, de reconnaître la superficialité de l’amour emballement, de l’amour naïf qui prend corps sur les apparences au lieu d’attendre de voir se révéler la face obscure que chacun, comme la lune, porte en soi ».
Oui. Il faut sauver l’économie.
En France on le sait, le moteur de la croissance c’est la consommation. Et les chiffres du commerce extérieur sont venus le rappeler cruellement : 70 milliards de déficit commercial à comparer aux 160 milliards d’excédents de l’Allemagne. Non, la France ne sait plus exporter ! Alors tous au resto et vive les babioles un peu clinquantes qui peuvent témoigner de notre amour infini pour notre dulcinée.
Non. On est déjà trop nombreux.
Déjà 7 milliards d’humains à nourrir en 2011. En France, avec 828 000 naissances en 2010, le taux de fécondité a atteint 2,01 enfants par femme, un record depuis la fin du baby-boom, selon une étude de l’Institut des études démographiques (Ined). La planète est en surchauffe. Sans faire de « malthusianisme » primaire, on peut dire que la démographie risque de devenir un enjeu majeur des prochaines décennies. Du moins si on ne change pas nos modes de vie. Et on n’a pas l’air d’être parti pour.
Non. Il faut en finir avec la société de consommation.
C’est un autre philosophe contemporain qui le dit. Michel Serres dans son dernier livre « Le mal propre » qui appelle à une « dépossession du monde ». « Au terme, global, de la croissance formidable qui donne son rythme à mon livre, voyez se dresser devant vous une figure dure du Déluge : la planète totalement envahie d’ordures et d’affiches, lacs saturés de déchets, fosses sous-marines regorgeant de plastiques, mers couvertes de débris, de résidus et d’épluchures… ». Alors en fait, non ! Ça suffit les babioles.
Non. Ca devrait être tous les jours !
Mais comment ça ? Les affres du quotidien auraient eu raison de votre élan romantique des débuts ? Ça sent la rupture...
Fabrice Roussel
