Un "je t’aime" sensationnel.
À Paris, on peut se croire héros d’une comédie romantique.
Lorsqu’on a pris la décision de s’unir pour la vie, il reste à demander l’accord de son amoureux. Les traditions se sont perdues. La fiancée n’a plus besoin de grincer des dents devant son papa à qui on demande sa main. Les hommes ont enfin compris qu’une femme était assez grande et mature pour articuler un «oui» valable. Les hommes d’aujourd’hui éprouvent aussi quelque peine à mettre un genou à terre devant l’élue. C’est bien dommage car cette manière reste très romantique et résume le caractère de prince charmant du futur mari. Beaucoup préfèrent suggérer une union, attendant une réaction. D’autres invitent au resto. Dans certains grands hôtels, on peut donner la bague de fiançailles en cuisine afin de la retrouver dans le gâteau. La bonne idée: il suffit qu’une jeune femme soit gourmande pour qu’elle gobe la bague, voir se casse une dent. Un événement inoubliable. Dans un épisode de «Desperate Housewives», cette coutume étrange est mise à l’honneur avec un soufflé au chocolat. Une héroïne y va carrément avec les mains parce que quelqu’un l’a mise au parfum. Le geste est impitoyable pour son image de marque. Une enquête a montré que 80% des femmes étaient déçues de leur demande en mariage. Un comble. Mais on vit dans un monde consumériste et rien n’est jamais trop beau. La preuve, il n’est pas rare de voir articuler le montant de 40 000 francs pour un mariage, ici. On pourrait peut-être envisager de prélever quelques milliers de francs pour un rendez-vous exceptionnel. Le problème, avec les mariages fastueux, est justement leur prix. Les mariés ont tant investi que tout doit être parfait et les pauvres sont nerveux toute la soirée, craignant la fausse note avant l’addition !
Emotion programmée
De plus, le jour J l’émotion est programmée. La mariée sait qu’elle doit acheter un mascara ne coulant pas pour éviter d’être barbouillée de noir lors de l’échange des alliances. Nicolas Garreau s’est basé sur ces paramètres pour monter sa société très active sur l’internet. A l’enseigne d’Apoteosurprise, il propose des demandes en mariage inattendues et superbement originales. Bien sûr, la surprise de sa vie n’est pas gratuite, mais tant qu’à dépenser, autant fractionner le coût du rêve. Nicolas Garreau propose une trentaine de scénarios contentant tous les tempéraments.
Apoteosurprise a étudié quantité de possibilités avant d’en retenir plusieurs dizaines. L’imagination ne fait pas défaut à Nicolas Garreau, ni d’ailleurs le sens de l’organisation. Le jeune homme a réussi à trouver un pont de Paris, sur lequel la tour Eiffel en toile de fond, où il peut projeter une déclaration d’amour. Ses collaborateurs peuvent jeter des centaines de roses sur le bateau sur lequel ont pris place les amoureux pour un dîner aux chandelles. Certains sont au bénéfice d’un brevet de pilote et c’est dans les airs qu’ils inscrivent des mots d’amour. Imaginez un vol de plaisance, après une balade dans une voiture de collection. Sur votre gauche apparaît un avion sur lequel votre nom est inscrit. Difficile de faire mieux et pourtant. A Montmartre, on peut réserver une véritable histoire à suspense dont le couple est l’acteur. Un coffre est pour finir remis au partenaire avec la demande: «Veux-tu m’épouser?»
Le polar a beaucoup inspiré le concepteur. Le sosie de Colombo dans une copie de sa voiture, avec un vrai chien, peut être porteur du message. On peut aussi réserver une folle poursuite dans la caisse de Starksy et Hutch et piler devant une voiture porteuse de la bonne nouvelle. «Les femmes aiment bien que leur compagnon éprouve quelques frissons», explique Nicolas Garreau. Mais attention, le risque est quasiment nul parce que les services de pros sont requis. Ainsi pour la mise en scène à grande vitesse, c’est le récipiendaire d’un prix de cascade pour le film «La mémoire dans la peau» qui s’y colle.
Offre unique
«Lorsque j’étais adolescent, j’écrivais mes déclarations à la craie sur le sol devant le domicile de ma bien-aimée», se souvient Nicolas Garreau. «J’ai choisi de fonder la société à Paris après avoir étudié le marché, sur la Côte d’Azur, le concept serait difficilement réalisable.» L’homme est un vrai spécialiste puisqu’il a déjà réussi à faire présenter son concept par des journalistes de vingt-quatre pays. Son site est visité chaque jour par quelque mille internautes qui pour moins de 1500 francs peuvent déjà s’offrir une surprise inoubliable. Pour la totale, c’est plus cher mais cela reste abordable, une fois dans son existence. «Comment réagissent les partenaires? En général, ils pleurent, d’émotion.» Il faudra donc prévoir le mouchoir qui n’est pas fourni avec la prestation.
Cathrine Killé Elsig
